ART ZONE
COMMUNAUTÉ ARTISTIQUE
L'
Artzonien
HYBRIDATION
Chronique N°1
Juillet 2020
De nombreuses œuvres d'art hybrident aujourd'hui les formes, les genres, les espèces. Elles désordonnent et réordonnent librement les catégories. Elles nous incitent ainsi à échapper à toute logique préétablie afin d'explorer le potentiel de significations d'un monde toujours plus complexe que nous habitons et transformons à mesure qu'il nous fabrique lui-même. L'hybridation apparaît comme une des méthodes de conception privilégiées de l'œuvre contemporaine.
L'hybride est à l'origine un composé de deux éléments de nature différente anormalement réunis, en biologie c'est le mélange de deux espèces différentes comme la truie et le sanglier, l'âne et la jument : « [...] C'est quelque chose d'hétérogène dans son origine ou sa composition ».
L'hybridation peut prendre des formes très diverses dans l'art. Les artistes s'en servent pour jouer de sa force de contraste, sa capacité à faciliter l'association des contraires qu'elle tempère dans l'homogénéité de l'œuvre.
ORLAN, Série Les femmes qui pleurent, 2019-2020
CHARADESIGN
L'Artzonien
Chronique N°1 : Hybridation
Popony : « Voici Dragon Girl ou Fille Dragon pour le thème Hybridation ! Ce portrait a du me prendre environ 5 heures, et je dois avouer que je me suis pas mal laissée guider par mon crayon ahah ! Au tout début, je voulais simplement m'entraîner avec les couleurs, notamment l'effet des lumières de néons colorés. Puis, plus le dessin avançait, plus je trouvais qu'il manquait quelque chose... J'avais déjà en tête de participer au projet annoncé sur le discord de Art Zone, et c'est alors que l'idée de lui mettre des cornes m'est apparue comme une évidence ! Voilà que ma petite dragonne prenait naissance ! J'aurai bien-sûr pu continuer davantage en rajoutant des particules de feu un peu partout, mais j'étais satisfaite de l'ensemble. En tout cas, j'espère que ce portrait vous plaira autant qu'à moi. »
MacBernik : « L’hybridation était l’objectif premier du charadesign. Le deuxième objectif était de travailler sur la personnification d’un ou plusieurs aliments. (Le plus de contraintes, le plus de créativité !) »
Son illustration a été réalisée afin de valider la dernière étape d'un des ateliers pédagogiques élaborés par le discord (Art Zone Land), portant sur le thème de la nourriture. Elle nous propose une vidéo timelapse et commentée reprenant chaque étape du processus de création dans lequel elle s'est engagée. La vidéo de 2 minutes résume 2 heures et demi de pratique graphique numérique, réalisée via Procreate, application disponible sur iPad.
A travers une représentation onirique, MacBernik a aussi transposé son style graphique et ses choix colorés à une thématique inscrite dans des enjeux contemporains, notamment au travers du Charadesign Challenge, évènement international de dessin basé sur le partage de créations sous une même sujet.
MacBernik : « L’hybridation se retrouve de nouveau dans le thème mais aussi la technique.
La réalisation commence sur papier, avec un simple dessin au critérium, puis l’illustration est photographiée et mise en couleur sur Procreate.
Le dessin représente un infirmier-cyborg, en clin d’oeil à la période de pandémie qu’on traverse. Mi humain-mi machine, il est pensé pour soigner, accompagner et rassurer les malades. »
ZOOM SUR MACBERNIK
01/
Si tu as fait une école spécifique ou des études en lien avec l'art, peux-tu nous résumer ton expérience scolaire ?
02/
Quels logiciels utilises-tu pour réaliser tes dessins/peintures numériques ?
Pourquoi ?
03/
Au regard de ta pratique personnelle, quelles sont tes références artistiques / tes sources d'inspirations ?
« Petite, j'avais le choix entre les arts plastiques ou le sport pour mes activités extrascolaires. Du coup j'ai alterné tennis > poterie > équitation > peinture > danse > bande dessinée...et au final c'est le dessin qui l'a clairement emporté ! J'ai quand même décidé de faire un parcours général sachant que j'aurais une mise à niveau en Arts Appliqués à faire, si mon envie de me diriger vers un métier créatif se confirmait. En parallèle de mes cours, je dessinais pour un fanzine sur la japanime, je trainais sur des forums d'illustration, je vendais mes dessins à un tattoo shop un peu limite... J'ai fini par intégrer un BTS de Communication visuelle multimédia, pour devenir graphiste et j'ai enchaîné avec une alternance pour vite commencer à travailler. J'ai passé 9 ans en agence de communication, passant de graphiste à Directrice Artistique à UX Designer. Aujourd'hui je suis à mon compte en tant qu'illustratrice et tatoueuse. »
« J'ai très vite adopté le numérique, j'ai commencé sur Paint à 7 ans... J'ai un tout petit peu Level Up depuis et je dessine exclusivement sur tablette tactile avec Procreate. Après quelques années de désert créatif, c'est la prise en main d'un iPad qui trainait au boulot qui m'a vraiment redonné le goût de dessiner. La précision du stylet, la liberté du support, le potentiel du logiciel... J'aime le fait de pouvoir obtenir n'importe quel rendu avec un seul et unique outil ! J'aime aussi avoir le droit à l'erreur, pouvoir tester, recommencer, copier, composer, utiliser des photos, des textures et des brushes. »
« Je suis souvent incapable de citer des noms, parce qu'il faudrait que je m'en souvienne d'abord, mais aussi parce qu'il faudrait que j'arrive à n'en choisir que quelques uns parmi tous les univers possibles. Je regarde beaucoup ce qu'il se passe dans le monde du tatouage; j'aime le travail de noir et gris, le dotwork, le travail d'aplat, j'aime quand c'est graphique et puissant. Paradoxalement, j'adore aussi l'illustration jeunesse, les dessins tout doux à l'aquarelle qui ressemblent à des rêves.
A cause et grâce aux réseaux sociaux, je me nourris beaucoup, parfois trop au risque de frôler l’écœurement. J'essaye de trouver mon juste équilibre entre l'inspiration fertile et la comparaison castratrice. »
Haren a réalisé deux versions d'une "raie-plante", animal hybride. Sa palette colorée et son design attendrissant donnent une vision sur une espèce onirique et fantasmagorique.
Haren : « J'ai hybridé deux êtres vivants distincts, un animal, la raie et une plante, le lierre. J'ai imaginé cette hybridation par la ressemblance formelle, la forme et l'épaisseur de la raie me faisant penser à une feuille, je voulais donc créer un entre-deux. J'ai décidé de mélanger les caractéristiques de ces deux êtres même si on retrouve une plus grande part de "raie" niveau formel que de "plante". Je pensais que les mondes de l'eau et de l'air étaient aussi liés et se mariaient bien, pour leur rapport diffèrent à l'apesanteur. »
DoñaLoba : « Processus : Je suis partie d'une photographie issue d'un album de famille qui représentait un singe, et je l'ai croisé avec un arbre. Ce qui en fait l'arbre-singe à l'aquarelle ! De pelage maronné aux sous tons verts, cet animal est beaucoup plus calme et moins espiègle que ses cousins macaques que l'on peut facilement croiser dans certaines villes d'Asie. Son aspect lui procure un camouflage parfait dans les arbres.
Très difficile à observer, ce sont souvent ses yeux lumineux que le trahissent. Durant la saison des amour, les "ramures" des mâles deviennent d'une couleur très vive et sont plus touffues. Grâce à la photosynthèse qu'il peut aussi faire, il guérit rapidement des blessures et est très résistant aux maladies. Ce qui en fait un animal victime du braconnage, on dit que son sang pourrait guérir presque toutes les maladies. C'est pour cela qu'il a disparu de la surface de la terre. »
Elaïja : « Unknown est un être humain victime des radiations de la centrale Fukushima. Il est né avec de nombreuses malformations. Ses yeux sont noirs, il ne sont pas adaptés à la lumière du jour. Il se déplace donc la nuit. Il voit à 180 degrés. Il a 4 bras et ils sont plus longs que la moyenne. Il a une corne d'os qui pousse sur son front qu'il est obligé de casser pour pouvoir se déplacer. Ses mains comptent 7 doigts et ses pieds 6. Il a une queue de chair. Sa bouche est composée de 3 rangées de dents en haut et en bas. Sa langue est longue et pointue. Enfin, il a deux appareils génitaux masculins fonctionnels. »
Damotime : « L'hybridation a toujours a été quelque chose de présent au cours de l'histoire de la vie sur Terre, ce phénomène à été observé de nombreuses fois en tout lieu et en tout temps. Nous vient alors la problématique suivante, qu'en sera-t-il dans les siècles à venir ? Quelle place aura toujours le vivant ? Quelle place aura la mécanique et le génie humain ? Quel impact aura eu l'homme sur ce phénomène ? »
Ainsi, pour Damotime, le sujet de l'animalité est abordé par une représentation mettant en jeu l'intérieur des corps, la visibilité des organes, fluides, articulations composant cette créature mécanique et énigmatique.
A travers une approche trans-historique, UnPoneyMagique a réalisé une illustration mêlant différentes époques et apparats militaires, jouant de la thématique de l'anachronisme. Il aime et s'intéresse particulièrement à ces sujets qu'il dessine souvent : chars, personnages militaires et historiques, détournement des représentations (reprise des portraits impériaux, des champs de bataille, etc.).
UnPoneyMagique : « L'idée de ce dessin était d'hybrider des éléments visuels et figures de plusieurs époques historiques. La principale inspiration est Jules César et donc l'Empire Romain. A cela, j'ai mixé l'uniforme de Maréchal d'Empire de l'ère Napoléonienne avec l'uniforme de général français de la Première Guerre Mondiale. Le bâton de Maréchal est un léger mélange entre le bâton issu de la République et celui de l'époque impériale. »
ENVIRONNEMENT
L'Artzonien
Chronique N°1 : Hybridation
DoñaLoba : « Et si les hommes étaient les fruits des arbres, ferions nous plus attention à eux ? C'est un peu ce à quoi j'ai pensé en décidant de faire ce dessin.
L'arbre, la plante la plus majestueuse qui soit, témoin de nombreuses années de cette terre... à la fois si puissant contre le temps, la dureté de son tronc et si fragile contre un bouleversement d'écosystème ou contre la main de l'homme...
Une bonne occasion pour moi de dessiner un arbre, sous une facette irréaliste. »
DoñaLoba : « Un monde, ou la majorité de la végétation a été détruite. Il n'y a plus de "transpiration" des plantes, en particulier des arbres qui aident grandement à la formation des nuages, et donc de la pluie. Les cultures y sont difficiles et le ciel n'a jamais été aussi bleu, sans aucun trouble du moindre nuage.
Alors l'homme créa les soucoupes de pluie. Elles vont en mer, là ou l'évaporation se fait toujours, la récupérer, et l'amener à l'intérieur des terres pour pouvoir y faire pousser quelque chose. »
Aika : « Il s'agissait de réfléchir à la question de l'habitat et du cocon. Il est parfois nécessaire de passer par plusieurs étapes et d'hybrider plusieurs domaines (dessin et sculpture) afin d'élaborer un projet. Le papier a été un choix et une contrainte intéressante, notamment dans la mesure où je me suis imposée l'usage d'une seule feuille. Observer cette sculpture minimaliste m'a permis de réaliser un dessin numérique inspiré de cette forme et ainsi pouvoir directement retranscrire au plus proche de la réalité les effets de lumière sur cette structure. La créature, sorte de chenille aplatie et translucide, a aussi été inspirée d'une forme en papier que j'ai froissé. J'ai donc tiré parti de la matérialité du papier afin de réaliser cette créature. Dans ce projet, l'intention et le hasard dialoguent et génèrent des formes auxquels je n'aurais pas pu penser au premier abord, sorte d'expérimentation.
Mon deuxième projet a pris source dans les pratiques issues de l'industrie de l'image, hybridant la sculpture 3D avec le dessin numérique. En l’occurrence, j'ai décidé de réaliser une ébauche 3D que j'ai texturé (pot, quelques branches, et herbes). J'ai par la suite dessiné par dessus cette sculpture numérique afin de faire émerger ma création finale. »
Aika : « Enfin, mon troisième projet repose sur le principe de la paréidolie (identifier des formes figuratives au travers de formes abstraites.) Il s'agit notamment de réaliser plusieurs peintures abstraites, de les photographier puis de réaliser un montage et un dessin afin d'élaborer un environnement et une créature. Sorte de fauve-caméléon, l'animal dialogue avec son environnement. L'usage de peintures abstraites a permis de tirer parti des différents effets de la matière colorée (mélanges, dégradés, textures diverses). »
DESIGN D'OBJET
L'Artzonien
Chronique N°1 : Hybridation
MacBernik : « L’hybridation vient à la fois du sujet de l’illustration et de la technique employée. Sur le thème imposé de "l’arme du crime”, j’ai voulu détourner le concept d’arme tel qu’on l’imagine. Comment rendre une arme grotesque, voir attendrissante ?
En fusionnant un élément jugé adorable (le chat) avec une imagerie morbide (la ceinture d’explosifs). Techniquement, pour arriver à une mise en situation crédible de cette imitation de dessin technique [image 1], il est possible de créer sa propre référence photo.
Ici, le dessin imprimé puis photographié servira donc de base à l’illustration finale [image 2]. »
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Aika : « Au travers de ce même challenge, l'arme du crime, j'ai réalisé un design d'objet hybride mettant en jeu la question des matériaux recyclés : l'usage d'une bouteille en plastique, d'une fiole, d'un tuyau, d'une balle de jeu, de bonbons semblables à des comprimés (carburant). L'animal est présent ici comme un générateur de projectile à lancer sur l'ennemi. »
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BD & ECRITURE
L'Artzonien
Chronique N°1 : Hybridation
SERPENT DU SOLEIL COUCHANT par Mayu
« Pour l'hybridation, je voulais faire une BD sur un monstre qui s'enlace autour de l'appartement d'un personnage et son corps commence à casser l'environnement. Le monstre a une véritable influence sur la composition de la BD et la déconstruit au fur et à mesure en fracturant les cases. J'ai aussi voulu jouer sur l'aspect des personnages, contraster le monstre ancien inspiré des estampes japonaise avec un personnage et un lieu plus moderne. »
EXCROISSANCE par Miouji
« Mon projet raconte le réveil d’une adolescente, prise d’une terreur sans nom suite à la fusion (excroissance) d’une tête de femme sur le côté de sa propre tête. L’histoire fait référence à une histoire de Junji Ito disponible dans la BD Tomie. Le rapport à l’hybridation est assez clair et se penche sur le physique de l’héroïne. »
PAIX INTERIEURE par Aquaelements
« Afin de mettre en scène l'hybridation, j'ai choisi d'utiliser Neol (une sorte de loup-garou) et Osway (un humain). Ici, une source de réconfort (Osway) vient apaiser la torture qu'est cette métamorphose (celle de Neol). Entrelacés, ils ne font plus qu'un pour insister sur le croisement entre deux espèces. »
Les maux de l'Ouvrier
Frappe fort le fer. Visse, serre l'écrou.
Ils m'ont mis au fer et resserrent l'étau.
L'étau du temps, truqué, trompeur, aux aiguilles qui reculent.
Je rêve parfois des bâtisses de pierre, des landes fertiles et de mon troupeau.
De berger à mouton, nous sommes passés.
On pâtit dans les prêts, suivant la course de la trotteuse.
Possesseurs à possession productive.
Machine de sang à la mécanique fragile.
Interdit de créer, seulement produire.
Hybride automate, vestige d'un Homme.
Charal : « J'ai réalisé ce calligramme suite au visionnage d'un reportage sur Arte à propos de la classe ouvrière.
J'ai donc écrit un texte du point de vue de l'ouvrier et l'ai arrangé sous forme de poing, symbole de nombreuses luttes.
La technique du calligramme offre aussi plus de sens au propos du texte car il expose le symbole et renvoie au fait que les mots/maux composent la lutte et que l'ouvrier donne de sa personne (physiquement).
Le reportage est en entier sur Youtube (il est en 4 parties) : l'Homme qui devient la machine de production et un bien du patron d'usine. »
Un jour, une centrale nucléaire explosa à cause d’un séisme et d’un tsunami, il y a de cela une trentaine d’année. Une femme, non loin de là, était partie en voyage avec son compagnon dans cette ville. L’homme était sorti de la ville, dans la banlieue pour affaire, malheureusement la femme était allée faire une visite de la centrale quand le drame se produisit. Les événements s'étaient enchaînés à une vitesse folle. Elle fut conduite à l'hôpital dans une état grave. Elle fut donc testée pour la radioactivité et les médecins remarquèrent qu’elle se concentrait dans son ventre. Ils en déduisirent alors que cette femme portait en elle la vie.
Malheureusement, cette vie était en elle même un trop plein de radioactivité. Elle savait que le fœtus n’allait soit pas survivre, soit subir de nombreuses déformations graves. Courageuse, elle décida de garder son petit. La grossesse fut difficile, mais elle se déroula bien dans son ensemble. La femme était très suivie par les médecins, qui commençaient à constater que le fœtus n’avait plus rien d’humain physiquement. L’accouchement survint, tout était prêt, sauf le mental de la femme s'apprêtant à donner naissance à un petit humain difforme, enfin si on pouvait encore appeler ça un humain.
L'être qui sortait de son utérus déchirait l'intérieur de son ventre pour pouvoir sortir. Ce bébé était anormalement gros, et elle le savait à la simple vue de son ventre distordu. Le bébé pesait un peu plus de huit kilos à la naissance. Ce petit être était tout simplement difforme, il avait deux bras en trop, c'était un garçon vraisemblablement, mais il avait deux pénis biens visibles. Il ne pleurait pas, il ne gémissait pas, il ne bougeait pas. Il ressemblait à une poupée sans vie, grise, ses yeux étaient grand ouvert, d’un noir profond et vide, sans iris, sans pupilles ni rien. Ses doigts étaient plus nombreux que la moyenne, 7 à chaque mains, 6 à chaque pieds.
Les médecins, voyant cette créature difforme ne lui donnèrent que quelques mois à vivre. La mère de ce petit décida de lui donner une vie bien différente que celle qui était prévue pour lui. Elle le voyait vivre libre, vivre longtemps, loin de tout hôpital, loin de tout scientifique voulant faire de lui un monstre de foire. La femme prit son petit et l'amena dans une forêt loin de tout. Une forêt avec un lac. Le père du bébé, ne supportant pas sa vue, essaya de le noyer dans le lac quand sa femme eut le dos tourné. Elle l'en empêcha, elle n'en voulut cependant pas à son homme, c'est peinée qu'elle choisit d'abandonner son petit dans cette forêt sombre.
Pendant de nombreuses années, elle se rendit dans la forêt, qui n'était pas très loin de chez elle. Parfois, elle laissait un panier repas pas loin d'où dormait son fils. Quand elle retrouvait le panier entamé, elle avait un petit pincement au cœur mais elle était heureuse de le savoir en vie, enfin c’est ce qu’elle pensait.
Texte rédigé par Elaïja, en lien avec le personnage qu'il a réalisé pour la partie charadesign.
SCULPTURE
L'Artzonien
Chronique N°1 : Hybridation
Sphinx : « Vis a vis du sujet "Hybridation", j'ai décidé d'aborder un thème qui nous amène tous à réfléchir : l'impact de l'Homme sur la Nature. En effet, on voit souvent des déchets dans les plantes et dans la Nature, aussi bien dans des lieux fréquentés que dans d'autres qui le sont moins. La plupart de ces déchets mettent des années voire des milliers d'années à se dégrader totalement. Malgré cela, les plantes continuent à pousser autour, la plupart du temps.
Mais, si la Nature et les déchets d'objets manufacturés par les hommes cohabitent, pourraient-ils aller plus loin dans cette cohabitation ? Pourraient-ils fusionner, s'hybrider ? C'est de cette façon qu'est née cette petite créature mi-déchet, mi-plante. Elle est l'union, le lien entre la Nature et les Hommes. Elle est une nouvelle vie, un message positif pour nous tous : un jour, nous pourrons à nouveau vivre totalement en harmonie avec Mère Nature malgré nos erreurs passées. »
Aika : « Pour réaliser ce projet, j'ai combiné plusieurs techniques ensemble. Il s'est agi notamment de réaliser une sculpture en argile que j'ai photographiée. Par l'usage d'un logiciel de traitement de l'image, nous pouvons apercevoir par transparence un fragment d'un tableau (Le Paradis de Cranach, œuvre renaissante). D'autres dessins réalisés à la tablette graphique sont en relation avec cette sculpture et cette image projetée, sorte de rébus ou fragment de souvenir. Il était question pour moi d'aborder la thématique de la mémoire, des vestiges de civilisations. »
BONUS : INTERVIEWS
Quels sont tes projets futurs ? Qu'est ce qui motive ton implication dans Art Zone ?
« Mes projets futurs sont en adéquation avec mon parcours personnel, à savoir celui de l'Education des Arts (niveau pratique) mais aussi de l'Histoire des Arts, pour lesquels j'ai été formé. Je peux donc d'ores et déjà prendre en charge des élèves dans l'Education publique (collège - lycée). Mais plus largement, j'aimerais présenter mon portfolio à des écoles privées pour pouvoir enseigner le dessin (traditionnel ou digital) ou l'HDA, autour d'une pédagogie centrée sur le développement personnel (aspect recherche, parcours évolutif singulier). Il serait aussi possible d'envisager de faire partie d'une formation en ligne, étant donné que je suis habituée à produire des contenus via support numérique.
En ce qui concerne la communauté, c'est le partage et l'envie de progresser en groupe qui me motivent. Ce qui m'a motivé à l'origine à démarrer le dessin numérique, et plus largement à progresser, sont certains blogs que je lisais et qui retraçaient des créations, des réflexions personnelles. Très vite l'envie de faire rassembler une communauté est apparue: d'abord sur Skyrock (lol), puis sur un Forum (Colorful Project), et enfin sur Discord ! Et je mets à profit ma formation afin de mettre en œuvre certaines activités pour garder une dynamique de groupe : des ateliers pédagogiques, des idées d'exercices, etc. A plusieurs cerveaux, on est plus efficace, plus productifs et plus motivés ! »
Aika
Quel parcours t'a conduit jusqu'à l'illustration et comment a évolué ton rapport à la création au fil du temps ? Quelle satisfaction retires-tu du dessin ?
« Petit, je copiais des cartes postales, j'ai donc commencé très tôt à dessiner. Ça n'a jamais été plus qu'un passe-temps et j'ai vraiment dessiné sérieusement durant mon adolescence. J'ai horreur de la texture du papier et je n'aime absolument pas travailler en traditionnel. C'est énervant, salissant; une des principales raisons de pourquoi je ne dessinais pas. Puis, l'année dernière, m'ennuyant comme pas possible, j'ai donc décidé de reprendre le dessin et on m'a appris l'existence de la tablette graphique (oui je vis dans une grotte). C'est la tablette graphique qui a complètement changé mon rapport à l'illustration. J'ai découvert les serveur Discord de dessin dans la foulée, et je suis arrivé parmi vous.
Le dessin est juste un hobby pour moi, une manière de faire quelque chose de productif de mon temps libre, et ça me permet donc de me sentir mieux par rapport à cela. Cela permet de se développer personnellement et d'acquérir de nouvelles compétences. Sinon, il faut avouer que je n'aime pas trop dessiner en vrai, la production d'un dessin c'est presque douloureux et ce n'est qu'une fois que c'est terminé que j'en tire satisfaction ou pas (un peu comme le sport quoi, c'est agréable qu'une fois que l'effort est fini). Sinon niveau créa', je ne suis pas très créatif. Je me limite à dessiner dans des thèmes que j'apprécie parce que je n'ai pas grand chose à dire et à transmettre.
Le seul souci est que je voudrais faire des choses un peu plus "personnelles", car mes dessins ne me reflètent pas tellement que ça. »
Poney
Selon toi, comment a évolué ton rapport à la création au fil du temps ? Qu'est ce qui t'a permis de réaliser cette évolution ?
Au regard de ta pratique personnelle, quelles sont tes références artistiques / tes sources d'inspirations ?
« J'ai eu un rapport assez bizarre avec la création, car je n'ai pas dessiné spontanément. C'est dû à des problèmes personnels, je n'aimais plus du tout mon domaine anxiogène au possible, et c'est comme cela que j'ai commencé à créer pour me libérer et être fier de produire.
J'ai réalisé une prépa en 2018 qui, selon moi, était plus une introduction au dessin. Dans la même école, une année plus tard, je suis allé en Animation 3D, qui était une formation assez laborieuse car j’ai eu une désillusion totale des écoles d’arts qui cherchent à vendre un produit plutôt qu’une formation artistique. Alors certes, il y a des professionnels, mais souvent vieux et plus du tout à la page. Si on ne parle pas des professeurs qui ne sont là que pour l'argent, avec une pseudo maîtrise académique, cela m'a déplu et ce n’était pas à quoi j'aspirais. Maintenant, je suis dans une école plutôt sympa et très portée sur le suivi au cas par cas. Mais mon niveau actuel, je le tiens à un travail acharné et à une ouverture à ce qui m’entoure et surtout une ouverture totale à l’art. Pour conclure, les écoles ont été une introduction, mais ce n’est pas ce qui m’a fait progresser, ni créer mon univers.
Ce sont mes propres efforts et mon travail, "je suis mon propre moteur" dans tout cela et il ne faut surtout pas l’oublier. Mes références sont principalement japonaises, car il y a des aspects dans cette culture qui m'attirent. J'aimerais apporter une autre vision aux choses par mes créations.
Pour citer quelques uns des artistes qui sont mes référents, je partage cela sous forme de liste afin que vous retraciez mon travail de recherche, et que vous puissiez vous amuser à découvrir ces artistes, car une simple description ne pourra pas résumer leurs arts : Shintaro Kago, Junji Ito, Mako Vice, Daido Moriyama, Kazuo Umezu, Katsuhiro Otomo, et pleins d'autres que j'oublie. »
Miouji
Si tu as fait une école spécifique ou des études en lien avec l'art, peux-tu nous résumer ton expérience scolaire ?
Quels sont tes projets futurs ? Comptes-tu faire de la création ton métier ? Si non, pourquoi ?
« Depuis que j'ai 6 ans (cela fait donc 9 ans maintenant), je pratique les arts plastiques comme loisir dans l'école municipale d'arts plastiques d'une ville voisine. Cela m'a permis très tôt de m'initier aux bases des arts plastiques et de commencer à former ma culture artistique. Aujourd'hui, ce loisir ne m'apporte plus que des interactions sociales avec des amis, car en grandissant, j'ai développé ma propre vision des arts et un esprit critique plus aguerri. Je compte donc arrêter cette activité qui ne m'apporte plus rien. Je suis rentrée cette année au lycée et je suis en option Arts Plastiques. Cette option m'a fait me rendre compte de l'importance d'une culture artistique afin d'évoluer. Elle m'a aussi donné l'envie d'alimenter cette culture. Ces cours me permettent de sortir de ma zone de confort et d'apprendre de nouvelles techniques plus facilement que seule. Ils me permettent aussi de pratiquer une véritable réflexion sur mon travail et celui des artistes qui nous ont précédé. J'ai compris alors que la réflexion et l'interrogation sont à la base de l'art. Grâce à cela, j'ai l'œil plus aguerri lorsque je vois une œuvre et je vais de moi-même vers la réflexion. L'option Arts Plastiques était donc un bon choix me permettant d'évoluer et de me préparer à des études artistiques tout en passant par la voie générale (la spécialité Arts n'étant pas disponible dans mon lycée).
Quels sont tes projets futurs ? Comptes-tu faire de la création ton métier ? Si non, pourquoi ?
Comme dit précédemment, je compte en effet faire de la création mon métier. Je souhaite faire des études de Game Art. Mon objectif serait donc, dans l'idéal, d'entrer à l'école Rubika Supinfo Game à Valenciennes, sinon bien évidemment je tenterai d'autres écoles. Bien que j'aime énormément l'animation en tant que spectatrice, j'ai toujours été plus attirée par la conception de l'apparence d'un jeu vidéo. De plus, je suis baignée dans ce milieu depuis ma tendre enfance ayant un père et un frère aîné fans de jeu vidéo. C'est mon frère qui m'a le plus initiée, de Marine Malice à Lego Star Wars en passant par les Elder Scrolls. Ma passion déjà existante pour le dessin et les arts m'ont petit à petit menée à ce projet. Un projet qui a certainement été influencé par le fait que mon frère soit étudiant en Game Design puis Game Prog à Rubika. Je me pose encore beaucoup de questions sur ce projet et sur les années à venir, mais je suis plutôt confiante. Il me faut encore élargir ma culture du jeu vidéo, acquérir de nouvelles compétences comme la 3D et consolider celles que j'ai déjà. Cela demande beaucoup de travail, mais je vais faire mon maximum pour y arriver. »
Sphinx
Si tu as fait une école spécifique ou des études en lien avec l'art, peux-tu nous résumer ton expérience scolaire ?
« J'ai réalisé un bac L option Arts Plastiques, 5 heures par semaine, afin de me préparer à un futur métier artistique. Ensuite en 2016, je me suis orientée vers une école de jeu vidéo pour faire une formation de 3 ans en tant que Game Artist (concepteur 3D-VFX est le nom précis du diplôme).
À travers ces 3 ans d'étude, j'ai travaillé sur de nombreux jeux en collaboration avec une classe de Game Design, j'y ai appris la 3D optimisée pour les jeux bien-sûr, mais j'ai également suivi de nombreux cours variés sur l'art, tel que le l'animation 2D, le dessin traditionnel/numérique, l'histoire de l'art, les FX, etc.
Pour valider mon année, j'ai réalisé un stage de 4 mois (le minimum étant 2 mois pour valider son année) dans un studio de jeu vidéo. Ces formations m'ont amenée à mon statut actuel: Game Artist 3D. »
Pandi
BONUS : REFERENCES
Etayer ses références artistiques, c'est s'ouvrir culturellement. Plus précisément, il s'agit de développer une certaine curiosité au regard de créations anciennes et plus contemporaines, pouvant avoir des enjeux communs avec le thème de l'hybridation.
Au-delà de simplement observer ou répertorier un savoir encyclopédique, l'analyse de ces images d'œuvres permet d'élaborer des liens avec sa propre pratique, plus ou moins éloignée et ainsi d'engager une réflexion sur son propre travail.
Les références mises à disposition sont variées, la liste est bien-sûr non exhaustive. Si vous pensez à une oeuvre en particulier, contemporaine ou ancienne, mettant en jeu cette thématique, n'hésitez pas à nous en faire part par commentaire.
Pierre Huygue, Human Mask, 2014.
Maria Stavrinaki est commissaire de l'exposition « Préhistoire, une énigme moderne » présentée au Centre Pompidou en 2019. L'exposition rassemble des œuvres et des objets préhistoriques aux côtés d'œuvres contemporaines, afin de montrer comment les artistes sont attirés par les origines, dans une vision fantasmée de la préhistoire.
Julien Salaud, Printemps (Nymphe de cerf), 2013
L'artiste utilise un animal qu’il pare, transforme, modifie, jusqu’à en faire un être hybride, à la fois fascinant et effrayant. Comme ce cerf taxidermé Printemps (nymphe de cerf), rebrodé de perles de rocaille, qui accueille les visiteurs.
Autour, deux teintures paraissent, celles de l'artiste de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Celles-ci ont été restaurées (la Chasse au vol et la Chasse du sanglier).
Les références proposées font écho à certaines créations des membres d'Art Zone, ayant ciblé des sujets se préoccupant de la condition humaine dans son environnement, ainsi que la question du corps représenté : l'hybridation de différentes espèces ou matériaux à l'élaboration de chimères.
Juan Fontcuberta a réalisé la Fauna (1985-1889), proposant des photographies d’un étonnant bestiaire.
Accompagnées d’autres documents textuels et iconographiques, elles prétendent avoir été réalisées par un soi-disant zoologiste, qui aurait constitué, au début du XX° siècle, une documentation considérable sur des animaux encore non répertoriés par la science.
Solenoglypha Polypodida, Tamil Nadu, Inde (photo du serpent vertébré à 12 pattes).
Alopex Stultus (photo du bipède poilu à tête de tortue, pouvant se camoufler verticalement comme un arbuste).
Merci !
Merci à ceux et celles ayant participé et collaboré à la réalisation de cette chronique ! N'hésitez pas à venir sur le Discord de la communauté afin de, vous aussi, partager vos créations, participer aux projets communs et discuter avec les membres. A bientôt sur Art Zone !
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Haren Pandi-wandi Popony